Pour parer à cette doctrine illogique et antiTorah, certains érudits chrétiens nous ont opposé un récit issu du TaNaKh, plus précisément dans le livre des juges, celle de la fille de Jephte.
Selon ces personnes, Jephte, ayant fait une promesse à Dieu, aurait donc sacrifié sa fille, et cet holocauste aurait été accepté par Dieu.
Nous allons voir dans cet article pourquoi cette idée saugrenue ne tient sur pas grand-chose, si ce n’est une croyance et une imagination débordante mise au service d’une volonté de faire plier Dieu à leurs propres émotions.
Juges 11
29. L’esprit de l’Éternel fut sur Jephthé. Il traversa Galaad et Manassé ; il passa à Mitspé de Galaad ; et de Mitspé de Galaad, il marcha contre les fils d’Ammon.
30. Jephthé fit un vœu à l’Éternel, et dit : Si tu livres entre mes mains les fils d’Ammon,
31. quiconque sortira des portes de ma maison au-devant de moi, à mon heureux retour de chez les fils d’Ammon, sera consacré à l’Éternel, et je l’offrirai en holocauste.
32. Jephthé marcha contre les fils d’Ammon, et l’Éternel les livra entre ses mains.
33. Il leur fit éprouver une très grande défaite, depuis Aroër jusque vers Minnith, espace qui renfermait vingt villes, et jusqu’à Abel-Keramim. Et les fils d’Ammon furent humiliés devant les enfants d’Israël.
34. Jephthé retourna dans sa maison à Mitspa. Et voici, sa fille sortit au-devant de lui avec des tambourins et des danses. C’était son unique enfant ; il n’avait point de fils et point d’autre fille.
35. Dès qu’il la vit, il déchira ses vêtements, et dit : Ah ! ma fille ! tu me jettes dans l’abattement, tu es au nombre de ceux qui me troublent ! J’ai fait un vœu à l’Éternel, et je ne puis le révoquer.
36. Elle lui dit : Mon père, si tu as fait un vœu à l’Éternel, traite-moi selon ce qui est sorti de ta bouche, maintenant que l’Éternel t’a vengé de tes ennemis, des fils d’Ammon.
37. Et elle dit à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi libre pendant deux mois ! Je m’en irai, je descendrai dans les montagnes, et je pleurerai ma virginité avec mes compagnes.
38. Il répondit : Va ! Et il la laissa libre pour deux mois. Elle s’en alla avec ses compagnes, et elle pleura sa virginité sur les montagnes.
39. Au bout des deux mois, elle revint vers son père, et il accomplit sur elle le vœu qu’il avait fait. Elle n’avait point connu d’homme. Dès lors s’établit en Israël la coutume
40. que tous les ans les filles d’Israël s’en vont célébrer la fille de Jephthé, le Galaadite, quatre jours par année.
Dans un premier temps, nous pouvons constater un souci de taille. Dans la Torah, qui reste la parole du créateur, Hashem est clair : les sacrifices humains sont strictement interdits. Ils sont en horreur pour Hashem, ils sont condamnés même dans plusieurs passages.
Le verset 39 conclu d’ailleurs par « elle n’avait jamais connu d’homme », ce qui nous pose bien le sujet. La fille de Jephte est promise à une vie recluse, et donc de ne jamais pouvoir connaitre d’homme.
Levitique 18.21
Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Moloc, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel.
Deuteronome 12.31
Tu n’agiras pas ainsi à l’égard de l’Éternel, ton Dieu ; car elles servaient leurs dieux en faisant toutes les abominations qui sont odieuses à l’Éternel, et même elles brûlaient au feu leurs fils et leurs filles en l’honneur de leurs dieux.
Deuteronome 18.10
Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu,
En partant de ce constat évident, et impossible à contredire, comment un esprit si petit qu’un être humain peut se dire que Dieu parle, mais ensuite qu’il accomplirait le contraire de ce qu’il dit ?
Sachant en plus que lui-même nous met en garde
Nombres 23.29
Dieu n’est point un homme pour mentir, Ni fils d’un homme pour se repentir. Ce qu’il a dit, ne le fera-t-il pas ? Ce qu’il a déclaré, ne l’exécutera-t il pas ?
1 Samuel 15.29
Celui qui est la force d’Israël ne ment point et ne se repent point, car il n’est pas un homme pour se repentir.
Malachie 3.6
Car je suis l’Éternel, je ne change pas ;
De là, nous pouvons commencer à réfléchir. Est-ce que ce qui vient plus tard et contredit la pensée de base est vrai ? Ou devrions-nous faire confiance à la parole de Dieu soit en repoussant des choses contraires à celle-ci, ou en y voyant une autre explication ?
Ces deux façons de procéder sont le fond même de la divergence entre le judaïsme et le christianisme.
La ou les juifs réfléchissent à partir de la parole de Dieu et comprennent ainsi le texte avec des lunettes Torahique, les chrétiens eux croient fermement en leur doctrine et oblige le texte à correspondre à cette croyance.
Le récit de la file de Jephte en est un parfait exemple. Dieu n’accepte pas les holocaustes, mais l’histoire de Jephte parait en être un. Il est impossible que Dieu l’approuve, alors il doit automatiquement et obligatoirement y avoir une autre explication. Les chrétiens eux croient que jésus apparaît comme un sacrifice expiatoire. Ignorant la parole d’Hashem, ils voient dans l’histoire de Jephte un sacrifice humain accepté par Dieu. Quand bien même celui-ci dit de sa « bouche » que les sacrifices humains sont une abomination.
De notre côté, nous opterons pour le moyen de la réflexion, la raison et la logique plutôt que la croyance, et nous allons voir si effectivement Jephte a sacrifié sa fille en holocauste ou pas.
La démonstration à faire pour justifier le fait qu’il n’y a pas eu sacrifice humain est la suivante.
Dans le texte hébreu « sera offerte par moi », la lettre « Vav » est disjonctive et fonctionne comme un « ou ». Cela s’explique de manière très simple : l’être qui sortira de sa maison sera consacré à l’Éternel si cela convient, OU offert en holocauste.
Ici, c’est le mot « OU » qui est utilisé comme dans « Celui qui frappe son père ou sa mère sera mis à mort. » (exode 21.15)
C’est très clair dans le texte, la fille de Jephte ne demande pas à aller pleurer sur sa vie, dans la mesure où elle devrait bientôt mourir, être sacrifiée, mais elle va pleurer sa virginité, car elle devra en réalité être consacrée pleinement à Dieu, et donc étant vierge, elle ne connaitra jamais d’homme.
Ce qui correspond aussi au verset 39 qui nous dit « il fit comme il avait promis » et non pas « il l’offrit en holocauste ».
Ce qui n’est du reste marqué nulle part. Aucun verset ni aucun mot ne transmet le fait que Jephte aurait tué sa fille en l’utilisant comme holocauste.
C’est pour cette raison que le texte met l’accent sur plusieurs points afin de bien cerner la situation.
Dès le début, au verset 34 « Elle était fille unique », voulant déjà souligner par là le désastre de la promesse faite par Jephte, ce qui entrainera par la même la fin de sa descendance. « il n’avait pas d’autre fils ou fille », nous signale le texte.
Au verset 37, « je pleurerai ma virginité » met précisément l’accent sur l’issue de la promesse, à savoir l’isolement de la fille de Jephte, et donc son impossibilité à se marier à connaitre un homme, car consacré à Dieu.
Et le verset 39 vient ensuite conclure le sujet en disant « Elle n’avait jamais connu d’homme ».
Nous constatons donc ici l’évidence, Jephte a fait une promesse portant sur deux hypothèses, si le « quiconque », la créature, qui sortira de sa maison est apte à être voué à Dieu alors il la lui consacrera
Lévitique 27.2
Parle aux enfants d’Israël, et tu leur diras : Lorsqu’on fera des vœux, s’il s’agit de personnes, elles seront à l’Éternel d’après ton estimation.
Et si le « quiconque », la créature, est apte à un holocauste alors il le sacrifiera en holocauste.
Comme le souligne le verset
Levitique 27.9
S’il s’agit d’animaux qui peuvent être offerts en sacrifice à l’Éternel,
Dans notre histoire, Jephte voit alors venir à lui sa fille, fille unique et n’ayant point connu d’homme. Le texte souligne ce point, car la consécration à Dieu conduira à son célibat, elle ne connaitra jamais d’homme et Jephte n’aura aucune descendance, comme le verset nous le dit « il n’avait pas d’autre fils ou fille ».
C’est ce qu’il se produira, sa fille acceptant la promesse de son père, demanda deux mois pour pleurer sur sa virginité.
Nombres 6.2
Parle aux enfants d’Israël, et tu leur diras : Lorsqu’un homme ou une femme se séparera des autres en faisant vœu de naziréat, pour se consacrer à l’Eternel,
Malgré les croyances erronées provenant du paganisme mondial, ici il n’est nullement question d’holocauste humain. Personne n’aurait pu accepter un tel affront fait à la parole de Dieu et à sa loi. Aucun prêtre, aucun israélite n’aurait laissé se produire un tel acte d’horreur.
2 Rois 3.27
Il prit alors son fils premier-né, qui devait régner à sa place, et il l’offrit en holocauste sur la muraille. Et une grande indignation s’empara d’Israël, qui s’éloigna du roi de Moab et retourna dans son pays.
Au contraire, Jephte n’a pas été vu comme le meilleur, mais n’a pas été réprimandé pour son acte.
Le récit du « sacrifice » d'Yitshak vient par ailleurs confirmer tout cela.
En effet, Avraham n'a pas sacrifié son fils, Dieu l'en a empêché.
Un article est en cours d’écriture pour refuter l’utilisation de passage appelé non pas « le sacrifice d'Yitshak », mais « la ligature d'Yitshak ».
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