Nous voilà de nouveau devant la même situation que nous avons dénoncée il y a quelques mois, en effet nous voyons sur cette photo encore un moine portant les tefillin.Il est évident qu’ils ne sont pas arrivés par hasard, ni même par l’opération du Saint-Esprit…
Nous ne pouvons que nous élever de nouveau contre ce comportement inacceptable, d’un point de vue halakhique, mais aussi d’un point de vue logique.
Cet acte montre une méprise totale de la mitsva des tefillin, celle-ci se retrouve rabaissée à un niveau tel que c’en est effroyable. La mise des tefillin sur la tête d’un idolâtre est certainement l’acte le plus irréfléchi que quelqu’un puisse faire.
De ce fait, nous avons décidé de reposter le précédent article afin de bien faire comprendre quel est le problème dans cet acte insensé.
C'était un spectacle étrange à voir !
La photo d'un prêtre portant les Tefillin. L'histoire derrière cette photo ? C'était sur le lieu d'inhumation de David HaMelech situé sur le Har Tzion dans la vieille ville de Jérusalem. Les chrétiens s'y rendent souvent car il est adjacent au site présumé de ce que les chrétiens appellent "la Cène". Le prêtre était venu avec ce qui semble être une dizaine de religieuses. Un rabbin, le rabbin Shraga Brand, a demandé au prêtre s'il était juif ou non. Le prêtre a répondu qu'il l'était. Le rabbin lui a alors mis les Tefillin.
L'image a provoqué une sorte de tempête de feu. Le rabbin avait-il raison ? Devons nous appliquer le dicton de Chata - yisroel hu - un juif qui a péché est toujours un juif ? Ou devons-nous dire : "Désolé, cet homme a tellement dépassé les bornes que nous ne le considérons plus comme un Juif en ce qui concerne l'encouragement à mettre du Tefillin !
CHATA ISROEL
La Guemara Sanhédrin (44a) reprend le verset de Yehoshoua (7:11) - où Hachem dit à Yehoshua qu'Acan avait péché en disant « Chata Isroel » « Israel a péché ». Le Talmud comprend que cela implique également une autre leçon. Même si Israël a péché, il est toujours considéré comme Juif. Mais cela fait-il référence à Klal Isroel collectivement en tant que peuple ? Ou bien ce dicton peut-il s'appliquer également aux individus ?
ÉVOLUTION DE LA SIGNIFICATION DU TERME
Nous devons également réaliser qu'à l'époque du Talmud, le terme "mumar" ne signifiait pas nécessairement ce qu'il signifie aujourd'hui. Il désigne quelqu'un qui a aboli l'observation d'une ou deux Mitzvah. À l'époque des Gaonim, le terme "mumar" s'appliquait à quelqu'un qui abandonnait sa religion pour une autre.
À l'époque des Gaonim (Otzar HaGaonim Kiddushin 78), il a été établi qu'un Mumar - celui qui a quitté la religion n'hérite pas de son père. De nombreux Rishonim souscrivent également à ce point de vue (Rashba Vol. VII #292, voir Ohr Zaruah BB #103). Ils la considèrent comme un échange de nation (voir le language de Rashba). Le Rav Amram Gaon écrit même "ho'il venafka mitoras Yisroel v'ayalah betoras goyah" - depuis qu'elle a cessé d'être considérée comme juive et a choisi de vivre en tant que non-juive.
Qu'en est-il du mariage ? Rashi Yevamos 47b, un mumar est considéré comme un juif pour toutes les questions relatives au Kiddushin. Le Baal HaIttur (#32) écrit que si une femme a un beau-frère qui est un mumar et que son mari meurt, elle n'a besoin ni de yibum (le mariage lévirite où le frère d'un frère décédé doit épouser sa belle-sœur veuve) ni de chalitzah (la procédure spéciale de divorce où le frère refuse d'épouser sa belle-sœur veuve). Cela semble en désaccord avec le Rashi susmentionné. L'Ohr Zaruah Hakotton écrit même que s'il était apikoros à la mort de son frère, elle sort sans chalitzah même si le frère s'est ensuite repenti et a fait Teshuvah.
Le Radbaz Vol. VII #251 écrit que du point de vue de la Torah, le mariage d'un Apikoros n'est pas considéré comme un mariage. C'est juste que, d'un point de vue rabbinique, nous craignons qu'il ait peut-être
fait Teshuvah.
Le targum Onkelos sur Shemot 12:43, lorsqu'il parle du Corban Pessah et du terme Ben Naychar, écrit que tout juif qui a été yishtamed ne peut pas en manger non plus.
DIFFÉRENCE ENTRE L'ÉPOQUE DE L'INQUISITION ET AUJOURD'HUI
Il est également important d'établir une distinction entre le terme "Mumar" lorsqu'il s'applique aux victimes de l'Inquisition (les Anusim) et le terme "Mumar" appliqué à une personne qui s'est convertie de son plein gré. Le premier est toujours traité comme un juif à bien des égards, alors que le second ne l'est pas. Dans les teshuvos des premiers Acharonim, le terme s'appliquait également aux Anusim. Il est fascinant de constater que si l'un des Anusim avait la possibilité de partir mais choisissait de ne pas le faire, les Acharonim le traitaient comme quelqu'un qui s'était converti, hors du judaïsme, par pure volonté (voir Maharadach Siman 9 et 20). Le Rama (YD 124:9) écrit que ces personnes sont traitées comme de véritables adorateurs d'idoles.
Le Rambam, dans Hilchos Avodah Zarah 2:5, écrit très clairement qu'ils ne doivent être considérés comme des Juifs en aucun cas.
Le Maharatz Chajes écrit (Minchas Kana'us p. 1004 dans tous ses écrits) à propos des personnes qui nient la Mitzvah de Brit Milah "ub'shain yisroel ain mechunim - ils ne doivent pas être appelés Juifs". Il écrit spécifiquement cela en ce qui concerne nos interactions avec eux.
Les Baalei HaTosfos dans Sanhedrin 72b "Yisroel" écrivent qu'un mumar n'est pas considéré comme un Ben Bris. Le Beis Shmuel EH 141:47 cite ce Tosfos comme halacha, tout comme le Mogain Avrohom OC 189:1.
CONCLUSION
L'auteur conclut que le rabbin n'aurait pas dû mettre les Tefillin au prêtre en raison de l'opinion quasi unanime du Gedolei HaPoskim citée plus haut. D'autre part, du point de vue du prêtre, il est toujours obligé dans toutes les Mitzvot de la Torah. La manière dont nous devrions le traiter, cependant, est tout à fait différente. Il semble que, même du point de vue de la Torah, nous devrions le traiter comme un goy pour toutes les questions. Cet auteur a également vérifié auprès de Rav Dovid Harfenes, l'un des principaux Poskim de New York, et il a répondu "Chas v'Shalom".
Il ne s'agit pas de dénigrer le travail remarquable du rabbin Shraga Brand. Il est clair que cet homme est un tsadiq, comme le montre son pur dévouement. C'est juste que dans ce cas particulier, il s'est trompé, selon l'opinion de cet auteur.
Il ne s'agit pas d'une question insignifiante. Il existe une organisation qui se fait appeler "Juifs pour Jesus" ou "Judaïsme messianique". Ils nomment des "rabbins" et ont aussi des Yeshivos. Ils ne sont pas juifs et ne doivent pas être considérés ou traités comme des Juifs selon les sources de la Torah mentionnées ci-dessus. Permettre à cette fausse identité de façade de persister est une chose qui devrait être combattue à chaque moment.
Une autre question est de savoir si nous croyons le prêtre concernant son identification en tant que juif. D'une manière générale, nous ne reconnaissons pas les affirmations du judaïsme sans aucune preuve. Les téfillin est l'un des (otot ?) spéciaux qu'Hachem a donné à Son peuple. Nous avons pour instruction de les couvrir également afin qu'ils ne soient pas vus.
L'auteur peut être joint à l'adresse suivante : yairhoffman2@gmail.com
Note du blog :
Pour faire suite au partage Facebook d’une photo d’un prêtre portant les tefillin, je me suis interrogé sur la valeur halakhique, mais aussi sur la dimension symbolique de ce geste.
En effet, les personnes qui ont vu cette image ont salué la démarche, et ont souligné la beauté du retour d’un "juif à la maison", ou peut-être que celui-ci allait faire techouva.
Il est évident que je ne suis pas d’accord avec cela, pas parce que j’ai raison ou que je suis une autorité en la matière (ce qui n’est pas le cas), mais simplement par pure logique et par connaissance du monde chrétien.
Je ne soulèverai pas ici le problème qui reste de savoir si le rabbin a eu raison ou tort selon son point de vue, vouloir ramener des juifs à la Torah. Je ne parlerai pas non plus moi-même de halakha, ayant traduit un article sur le sujet. Je me positionnerai dans ce sujet uniquement d’après ce que le prêtre considère.
Nous nous trouvons en face d’un homme qui croit que Jesus est le messie, mais aussi qu’il est Dieu.
Lorsque nous mettons les tefillin, nous devons réciter une phrase appelée le "shema", la profession de foi du judaïsme, en ces termes :
Shema Yisrael, Hashem est notre Dieu, Hashem est un !
Cette phrase a toute son importance dans ce sujet, car sur cette photo, elle sera récitée par quelqu’un qui considère que Dieu est trois, ou qu’il est un, mais divisée en trois ; ou qu’importe, celui-ci croit fermement que Jesus est Dieu qui s’est fait homme et qui est mort sur la croix.
Ne serait-ce que pour ce point, cette action demeure un problème !
Comprenez que nous ne pouvons pas voir un individu selon notre avis, mais bien selon le sien. On m’objecte que celui-ci est à considérer comme Tinok shenishba (l’enfant captif) ; or cet homme n’est pas un juif ordinaire sans connaissance, c’est un moine.
Il a étudié pendant de nombreuses années et connaît parfaitement le sujet biblique. Il n’est pas comme un enfant captif, au contraire il est conscient de ce en quoi il croit.
Sans compter que notre époque apporte des possibilités fabuleuses afin de connaître la vérité.
Tout ceci est à considérer bien sûr dans l’hypothèse ou ce moine serait vraiment juif, car voilà une question à laquelle on ne peut pas répondre seulement en demandant : "es-tu juif ?"
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